Le Rwanda en 10 jours : récit

Le dernier article posté sur ce blog annonçait la venue de ma môman accompagnée de son homme. Leur séjour ici a duré une dizaine de jours, pendant lesquels on a sillonné le Rwanda en long, en large et en travers. La petite taille du pays est en effet particulièrement propice à sa découverte, et se déplacer à droite à gauche est plutôt simple (ça l’aurait été encore plus si la voiture qu’on a louée avait été en parfait état, mais ça c’est une autre histoire). Récit de ce voyage qui nous a permis de découvrir les multiples facettes d’un pays qui a beaucoup à offrir.

Etape 1 : Akagera (partie Est, frontière avec la Tanzanie)
Etape 2 : Butare - Nyungwe (Sud Ouest du pays, frontière avec le Burundi au Sud et la RDC à l'Ouest)
Etape 3 : Ruhengeri (au Nord, frontière avec l'Ouganda)
Etape 4 : Gisenyi (lac Kivu, à l'Ouest, frontière avec la RDC)
Etape 5 : Kigali (capitale, centre du pays)

Pour ce qui est de l’étape 1, je ne vais pas la détailler : c’est la deuxième fois que je me rends au parc de l’Akagera, et ma première visite avait déjà fait l’objet d’un article que vous pouvez consulter ici. Disons juste que cette fois, le périple aura été de bien plus courte durée que lorsque je m’y étais rendu en février dernier. Pour plusieurs raisons : du fait de la contrainte de temps  (10 jours sur place, ça laisse peu de temps pour s’éterniser), on a fait l’aller-retour dans la journée, et on n’a pas vraiment pu s’attarder dans tous les endroits du parc. La saison des pluies a par ailleurs rendu certains sentiers difficilement praticables, voire impossible à parcourir vu le véhicule que l’on utilisait (un Toyota RAV 4, pas vraiment une mauvaise charrette, mais on a préféré éviter les passages trop boueux pour ne pas risquer l’enlisement). On s’est contenté de la partie Nord, et particulièrement la grande plaine où buffles, girafes, zèbres et antilopes viennent se la couler douce sous le regard de touristes toujours fascinés par la vision de ces espèces réunies. Quelques photos :



  

L’agréable moment passé dans cette zone contraste avec le chemin du retour, véritable torture : repartis sur le tard, on a dû rouler de nuit. « Et alors ? », me direz-vous. Disons que la densité démographique du pays fait que ça fourmille sur le bord des routes, à toute heure du jour et de la nuit. Sur des bordures de routes étroites, on a vite fait de dégommer un malheureux qui passait par là. Sans compter que nos phares étaient mal réglés et qu’on y voyait goutte, que les nids de poule menaçaient de nous faire perdre des morceaux de voiture,  et surtout que le volant sur le véhicule est à droite. Vous avez là tous les ingrédients réunis pour se faire de belles frayeurs, et pour causer de jolis maux de tête au pauvre Serge qui devait composer avec tous ces éléments pour nous ramener sain et sauf, sans dégâts.

Le lendemain, étape 2, départ pour la forêt de Nyungwe au sud ouest du pays, à quelques kilomètres des frontières du Burundi et de la RDC. On décide d’être un peu plus prévoyants et de partir tôt le matin pour ne pas se taper la route de nuit. Manque de pot, on avait crevé un pneu à l’Akagera et un peu dégommé le pare-choc arrière, et les réparations nous ont pris un temps fou. Conséquence : départ à 11h de Kigali, on se dit que ça peut le faire. Depuis la capitale, quatre bonnes heures sont nécessaires pour rejoindre la forêt, du moins c’est ce qu’on croyait… Après 2h30 de route, on s’arrête à Butare, la ville étudiante et culturellement dynamique du Rwanda, particulièrement connue pour son musée, qu’on n’aura malheureusement pas le temps de visiter. C’est une toute petite ville traversée de part en part par un axe routier autour duquel tout est articulé (commerces, restaurants, hôtels), et c’est à peu près tout ce qu’il y a à voir. Le temps de se faire un bon repas, et on repart direction Nyungwe. Alors que la route Kigali-Butare est plutôt bonne et particulièrement agréable de par ses paysages, celle qui rallie Nyungwe est un peu plus vieille et éviter les gros nids de poule se révèle un exercice parfois un peu périlleux. On rejoint la forêt au bout de deux petites heures de route, en se croyant tout proche de la guesthouse dans laquelle on est censé passer la nuit. « La guesthouse se trouve de l’autre côté de la forêt », nous a-t-on dit. Pas facile pour autant de récolter des infos sur le temps nécessaire pour traverser la forêt… C’est au bout d’une heure et alors que la nuit est tombée depuis un moment qu’on se demande si on est vraiment sur la bonne route. Et ceux qui connaissent le pays savent qu’en termes de signalétique, il reste pas mal de boulot à faire… Deux heures seront finalement nécessaires pour traverser l’endroit et rejoindre la guesthouse, au prix d’une énorme concentration de Serge encore une fois. Avec un pare-choc arrière qui menace de foutre le camp, éviter les nids de poule est pas vraiment une partie de plaisir. Mais on y arrive quand même, et l’endroit est assez plaisant. La guesthouse du nom de Gisakura propose une dizaine de chambres à des prix somme toute compétitifs (50 euros la nuit pour trois personnes, petit déjeuner compris) et dans un cadre chaleureux où les voyageurs échangent leurs expériences dans le petit restaurant où sont servis les repas, ou autour du feu allumé à l’extérieur.

Une nuit de repos et on part à la découverte de cette forêt le lendemain matin. Un conseil pour ceux qui souhaiteraient s’y rendre : les frais d’entrée sont indiqués en dollars (50 dollars par personne pour les non résidents), et mieux vaut ne pas payer dans une autre devise car les taux de change proposés sont tout sauf véridiques.

La découverte de la forêt peut se faire via différents parcours, une petite dizaine au total. Il est ainsi possible de partir à la rencontre de chimpanzés et quelques autres espèces de singes, d’emprunter le canopy (pont de corde de 200m qui surplombe la forêt à plusieurs dizaines de mètres de hauteur) ou de contempler des chutes d’eau. C’est ce dernier parcours que nous avons choisi, car alternant entre passages au sein de la forêt et entre les plantations de thé, et pas particulièrement difficile en termes de dénivelés. Il faut pas oublier qu’on est en saison des pluies et que le terrain peut être particulièrement glissant… La première étape se fait donc au milieu des plantations de thé, et David, notre guide, se fait un plaisir de nous présenter les caractéristiques de la végétation environnante. Les plantation s’étendent à perte de vue, et la vision du lac Kivu en toile de fond fait de l’endroit un lieu magique d’une incroyable beauté.

Après quelques kilomètres, on s’enfonce dans une forêt humide et dont les récentes pluies ont favorisé la densification d’une végétation luxuriante. La promenade est agréable sans être toutefois transcendante. La découverte de certaines espèces de fleurs et d’arbustes, la rencontre inopinée avec ce que David nous présente comme une vipère du Gabon (mais qui en fait n’en est apparemment pas) et les bruits naturels de la forêt font toutefois de la marche un moment plaisant. Le chemin est un cul-de-sac qui débouche sur une chute d’eau plutôt impressionnante. On est entouré de falaises devenues de véritables murs de végétation, au milieu desquels on distingue l’entrée vers de profondes grottes dont le mystère plane sur ce qu’elles renferment. Le chemin du retour s’effectue sans problème, et notre bonne étoile brille puisque nous ne sommes qu’à quelques mètres de la guesthouse quand des trombes d’eau commencent à s’abattre sur nous. Un déjeuner sur place et c’est l’heure de repartir, direction Butare où on va passer la nuit histoire d’éviter de se refaire le trajet jusqu’à Kigali et d’économiser un peu nos forces.






Le lendemain, retour à Kigali, et brunch à l’Hôtel des Mille Collines, véritable institution devenue célèbre grâce au film « Hotel Rwanda ». Ce long métrage retrace l’histoire de Paul Rusesabagina, gérant des lieux pendant le génocide, et qui a offert un abri à des Tutsi menacés par la folie qui s’est emparée du pays. En ce jour férié (fête du travail oblige), pas grand-chose à faire, et la journée sera placée sous le signe du farniente au bord de la piscine.
  
Nous arrivons au lundi et à la 3e étape de notre voyage : la découverte de Ruhengeri, ville du nord du pays et avant poste du parc national des Virunga (chaîne de volcans) où l’on peut partir à la rencontre des gorilles des montagnes. Nous nous mettons en chemin dans la matinée et arrivons à l’heure du déjeuner après deux heures de route. L’après-midi, nous nous rendons dans un village culturel, lieu de tourisme communautaire où l’on découvre la culture Twa, ethnie pygmée minoritaire du Rwanda. Via un jeu de rôles qui voit l’un d’entre nous se glisser dans la peau du roi du royaume, nous découvrons les us et coutumes des Twa ainsi que leurs activités quotidiennes. On s’initie tour à tour à la médecine traditionnelle, la forge, le tir à l’arc et la danse traditionnelle. L’expérience est amusante mais je suis parfois un peu mal à l’aise devant les mises en scène qui voient ces gens se donner en spectacle pour récolter l’argent nécessaire à leur survie. Les Twa vivaient de la chasse et la cueillette dans le parc des Virunga, mais en ont progressivement été exclus du fait des différents programmes de conservation de la faune et la flore des lieux. Ils ont du trouver d’autres sources de revenus leur permettant de subsister. Le village culturel part donc d’un bon sentiment et fournit des ressources à une communauté d’un millier de membres, mais cela se fait au prix de l’abandon des traditions et du mode de vie, relégués au rang de spectacle pour des touristes en recherche d’une expérience originale qui pourront se gargariser d’avoir vu l’Afrique profonde.



Le mardi, lever de bonne heure et de bonne humeur afin d’aller chercher ce pour quoi nous sommes venus : la rencontre avec les gorilles des montagnes, dont les Virunga constituent l’un des seuls sanctuaires au monde. Ils sont répartis en dix-huit groupes : dix sont réservés à la recherche, les autres servent au tourisme. Je savais à quoi ressemblaient les gorilles, il suffit d’en chercher quelques clichés sur Google Images, mais je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Le touriste est en d'espérer beaucoup au vu de la somme qu’il débourse pour rencontrer son cousin gorille (500 dollars par personne pour les non résidents). Hé bien mes amis, je ne peux que vous recommander cette formidable expérience. Evoluer à seulement un ou deux mètres de ces impressionnantes bestioles est à la fois magique et quelque peu effrayant, tant l’on se dit que leur force pourrait nous broyer en quelques secondes. C’est fascinant de voir le comportement de ces mammifères, dont certains mouvements et certaines attitudes sont incroyablement proches de ceux des humains. On ne peut s’empêcher de sourire quand on contemple les plus jeunes des gorilles se comporter comme des vrais gamins, à se rouler par terre et à nous regarder avec un regard à la fois insolent et attendrissant. Et si les guides ne nous obligeaient pas à maintenir une distance de sécurité (plus pour protéger les gorilles des maladies humaines que pour nous préserver d’éventuels dangers), il y a fort à parier qu’on accepterait les invitations à aller jouer avec les plus jeunes. Mais on devra se contenter de les regarder faire leurs singeries, si je peux me permettre, et les nombreuses photos prises à l’occasion seront l’unique moyen d’immortaliser la rencontre.

Sur le chemin du retour, nos guides nous expliquent l’utilisation qui est faite des sommes astronomiques dont on doit s’acquitter pour avoir le droit de passer une grosse heure avec les gorilles, et l’on comprend mieux la nécessité de débourser 500 dollars. L’argent sert en effet d’une part à la mise en place des programmes de conservation des gorilles et des soins qu’ils doivent éventuellement recevoir, et au développement des populations locales d’autre part (construction d’infrastructures, écoles, développement agricole, etc.). Du moins on a l’impression qu’une telle somme est justifiée, et on est satisfait de savoir que l’utilisation de notre argent poursuit des objectifs louables. Mais j’ai appris il y a peu que seulement 5% de l’argent était mis à disposition des populations avoisinantes… De quoi se demander comment sont gérés les 95% qui restent, soit la modique somme de 475 dollars… Enfin je passe et vous montre quand même quelques photos de cette chouette rencontre :




On se remet vite de nos émotions pour continuer vers la 4e étape de ce périple : en route pour Gisenyi, sur les rives du lac Kivu. Idem que pour l’Akagera, il s’agit de ma deuxième visite des lieux, et j’avais consacré un article à ma première (relatée ici). L’endroit reste magique, et l’hôtel où nous avons posé nos bagages offre un cadre féérique. L’activité principale : repos au bord du lac, point barre. Dommage que le soleil ne brille pas de mille feux et que le temps soit un peu couvert, mais on se ressource quand même en contemplant le lac, et au loin les rives du Congo voisin. Une petite promenade le lendemain matin permet de rencontrer les habitants du coin, et surtout d’assister autrement qu’au travers les vitres de la voiture aux scènes de vie quotidiennes.





On hésite à rester une journée de plus tellement l’endroit est plaisant, mais la date du retour en France approche pour mes visiteurs et l’on n’a encore rien vu de Kigali, donc on décide finalement de suivre nos plans initiaux et on se mettre en route vers la capitale, cinquième et dernière étape du voyage.

L’urbanisme de Kigali est particulier, et il est difficile de faire visiter la ville via une simple promenade tant ses quartiers diffèrent et présentent un aspect particulier. On se cantonnera à deux éléments : le marché de Kimironko au nord est de la ville, et le mémorial du génocide à Gisozi.

Le marché est agréable et vivant, mais je dois avouer qu’après avoir vu celui de Cochabamba en Bolivie (plus grand marché d’Amérique du sud), il en faut bien plus pour m’impressionner. Voici quand même quelques clichés des lieux :





On file en fin d’après-midi vers le mémorial de Gisozi, consacré à la tragédie qu’a constitué le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Si certaines images et des témoignages nous aident à tenter d’appréhender l’ampleur du drame, j’ai trouvé l’ensemble quelque peu avare en explications de fond. Même si l’on comprend la logique générale, certains éléments manquent de clarté et mériteraient d’être complétés pour permettre au visiteur de mieux comprendre ce qu’il s’est passé. On n’a pas pris de photos de l’intérieur (payant), mais voici un cliché de l’extérieur et notamment de certaines des 14 fosses communes dans lesquelles sont entreposés plus de 250.000 corps :

  

Cette visite a constitué l’ultime étape de ce voyage fort agréable, et que mes visiteurs ont, il me semble, particulièrement apprécié eux aussi. Je ne peux malheureusement pas mettre toutes les photos en ligne, ça me prendrait environ 34 jours (j'exagère à peine, il m'a fallu 8h pour uploader les photos que vous voyez dans cet article). Je vous renvoie donc vers les quelques clichés que j’ai réussi à présenter ici, ou bien à ceux que j’ai mis sur facebook pour ceux qui y auraient accès.

C’est maintenant l’heure pour moi de me remettre au boulot pour les deux mois et demi de stage qui me restent, dans la joie et la bonne humeur ! 

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