Lettre à Fred
Il y a de cela quelques jours, je suis tombé sur un article synthétisant en quelques lignes un certain ras-le-bol de la situation politique du Rwanda. Ras-le-bol, il me semble, ressenti par un nombre croissant d'individus. Il s'agissait d'une lettre ouverte à Fred Rwigema, un des fondateurs du Front Patriotique Rwandais, rébellion de Rwandais exilés (majoritairement Tutsis) créée en Ouganda et qui a pris le pouvoir en mettant fin au génocide de 1994. Si l'ami Fred est aujourd'hui une figure du FPR, il n'a pas vu grand chose de la réussite de son mouvement : il est mort dès l'assaut donné par ses rebelles contre le gouvernement rwandais (Hutu) le 1er octobre 1990, 4 ans avant que le FPR ne parvienne finalement à se hisser à la tête du pays. L'article a été écrit dans un anglais original assez mauvais, dont je vous propose la version traduite assortie de quelques commentaires entre crochets.
Cher Fred,
Tu nous as quittés il y a 22 ans mais ton souvenir est toujours présent. Plus ils essaient de l’effacer et plus il grandit. Tu incarneras toujours le dernier espoir, ce qui aurait pu être et ce à quoi nous aspirons. Tu es parti trop tôt, en véritable héros pour l’Afrique et célébré dans de nombreux pays. Ton image rappelle celle de Che Guevara, celle d’un beau jeune homme communiquant son éternel optimisme. J’étais trop jeune pour avoir ne serait-ce qu’une chance de pouvoir te parler et je ne suis même pas sûr de bien connaître ton idéologie. Mais ce que je sais, c’est que toute idéologie commence avec une attitude qui nourrit une croyance. Ton attitude a forgé les nêtres, notamment ce regard qui disait « on peut le faire! ». On a attendu ce regard pendant 30 ans, de 59 à 87 [1959 : fin de la monarchie au Rwanda et début de l'accession au pouvoir des Hutus ; 1987 : création du Front Patriotique Rwandais]. A ton départ, cette croyance nous a momentanément quittés. Mais une légende était née, dans laquelle de nombreuses personnes ont trouvé la force de croire de nouveau. Aujourd’hui tu serais impressionné par le chemin parcouru : nous avons des gratte-ciels flambant neufs, les routes sont parfaites, nous sommes en paix, chez nous, exactement comme tu le rêvais.
Ce rêve est aujourd’hui considéré comme acquis. Les temps ont changé et tu reconnaîtrais à peine ces personnes haut placées, même si bien sûr on ne peut pas s’attendre à ce que ce soit toujours les mêmes qui nous gouvernent. Le FPR est devenu tellement de choses à la fois : un parti monolithique qui domine le paysage politique, mais aussi une multinationale [le FPR est très fortement impliqué dans l'économie rwandaise et possède des parts, parfois de façon majoritaire, dans de nombreuses grosses sociétés rwandaises. Pour plus d'infos : taper "Chrystal Ventures sur Google, du nom de la structure qui gère les actifs du parti], une armée, et un état d’esprit. Pour être honnête, Fred, je ne sais plus qui croire. Je me sens tellement hypocrite. Je reste là sans rien faire pendant que d’autres s’attachent à tout détruire autour d’eux pour si peu de résultats. Le FPR a conquis le monde mais perdu son âme. Il ne croit plus en une idéologie mais en des objectifs. Il ne donne plus, il prend. C’est l’incarnation même d’un pouvoir vide. Nous n’avons plus d’hommes politiques : nous avons des homes à la tête d’un pouvoir vide, et d’autres qui profitent d’un accès à un tel pouvoir. Pendant que certains sont devenus cupides, profitant du “crédit de la libération”, les vrais combattants n’ont eux jamais été récompensés. Les familles dont les leurs ont été blessés ont sont tombés ne sont, tout comme toi, jamais mentionnées. Ton nom ne peut être salué qu’en deux occasions : le 4 juillet [4 juillet 1994 : célébration de la Libération et fin du Génocide] et le 1er octobre [1er octobre 1990 : mort de Fred]. Qu’il me soit donnée l’opportunité de te rendre hommage aujourd’hui.
Etat des lieux
Le Rwanda est à un tournant : il a jusqu’à maintenant vécu au-dessus de ses moyens, sans se poser de questions, sans débattre, telle une véritable armada tentant de se défaire du carcan de la pauvreté. Tout débat a été soigneusement étouffé, les choses ont été prises en mains, sous les sempiternels “nje ndabona nta kibazo” [je vois, je vois, pas de problème] des hypocrites et flagorneurs. Tout allait bien tant que les bâtiments continuaient de voir le jour. La menace du Génocide excusait l’absence de droits de l’Homme et de liberté de la presse, la vraie justice était un luxe que nous ne pouvions nous permettre. Comment en sommes-nous arrivés là ? Nous n’avons jamais étés aussi vulnérables économiquement, nous n’avons jamais étés aussi faibles diplomatiquement, et des gros titres peu flatteurs dans la presse [internationale] nous ont fait perdre des alliés. Et tout cela depuis les dernières élections, depuis l’affaire Kayumba [ancien proche de Kagame, exilé en Afrique du Sud, qui a subi plusieurs tentatives d’assassinats qui sont aujourd’hui jugées en Afrique du sud, les accusés étant notamment des rwandais probablement envoyés par Kigali], les disparitions d’opposants [le vice-président du parti vert a été retrouvé quasi-décapité avant les élections de 2010], les arrestations et emprisonnements de journalistes [CF article ici], l’affaire Ingabire [principale opposante enfermée à son retour à Kigali en 2010 alors qu’elle mettait fin à son exil aux Pays-Bas et tentait de faire enregistrer son parti], la saga au Congo [le Rwanda est accusé de soutenir le M23, rébellion de l’Est de la République démocratique du Congo, afin de maintenir cette région dans une situation de chaos et de poursuivre le pillage de ressources naturelles], etc. Si nous étions le Bénin ou le Honduras, nous pourrions juste nous dire que nous sommes une nation de parias. Mais le Rwanda souhaite vivre dans son propre univers moral, il veut que son histoire unique lui permette de revendiquer ses propres droits de l’Homme : c’est le non respect de ces droits qui nous entraînera dans un nouveau cercles de violences.
“Oui, mais pas au Rwanda”
En ce sens, le Rwanda est comme Israël, il vit selon ses propres règles, il souhaite entrer dans le moule mais différemment des autres. Je suis fatigué de défendre les arrestations de journalistes et les emprisonnements d’opposants juste parce qu’ils expriment un point de vue différent. Je suis fatigué de défendre les attaques sur le Congo, en sachant que des millions de personnes en souffrent. Je suis fatigué d’expliquer à mes amis occidentaux pourquoi les opinions divergentes ne sont pas autorisées dans les médias publics. Je suis fatigué d’expliquer cette peur dont personne ne parle, le coup d’œil que nous jetons autour de nous avant de parler. Une personne qui a vécu dans une démocratie sait ce qu’est une démocratie, et ce coup d’œil est le signe que nous n’en sommes pas une. Ma génération est faite d’hypocrites et de menteurs : ils croient en la liberté d’expression "oui mais pas au Rwanda”, ce sont des progressistes occidentaux, ils croient en les droits des homosexuels "oui mais pas au Rwanda”. La plupart d’entre eux s’intéresse à la politique aux USA, à la fiscalité, à l’avortement “oui mais pas au Rwanda” et beaucoup dénoncent les pays qui mettent des gens en détention sans aucun procès, “oui mais pas au Rwanda”.
Grande peur et négociation
Chaque nation a sa PEUR. Au Rwanda, c’est celle qu’un génocide se produise de nouveau. C’est ce qui permet de maintenir la paix. C’est l’excuse automatique pour justifier l’arrestation d’un journaliste, pour justifier l’absence de démocratie, mais c’est aussi une excuse pour permettre aux personnes corrompues de vivre en paix. C’est la défiance mutuelle entre un maître et son serviteur : le maître craint la révolte, le serviteur craint la puissance de son maître. C’est cette relation que l’on retrouve entre le gouvernant et le gouverné au Rwanda, et cette relation durera à jamais si nous ne changeons pas maintenant. Le gouvernant jouit des pleins pouvoirs et le gouverné attend en retour que tout aille pour le mieux, jusqu’à ce que quelque chose aille mal. Voilà pourquoi nous en sommes là. En 1994, nous avons découvert un pays déchiré, dont l’armée était la seule institution qui marchait. Le génocide a été arrêté par la force et non pas par la volonté, et les graines du doute étaient déjà semées. Quand on voit que l’armée libre de Syrie est soutenue par l’occident et sera très probablement prochainement à la tête du pays, mais qu’en même temps elle est accusée de crimes de guerre avant même son arrivée au pouvoir, c’est limpide. De la même façon, même s’ils étaient les « gentils » pendant la guerre de Libération, le FPR faisait déjà l’objet d’attaques similaires comme pour paver la route à ses détracteurs. Deux peurs dominant donc la psyché du pouvoir : la révolte intérieure et la justice extérieure.
La mort de la raison
“Quiconque ne se sent pas bien prend toute critique comme une insulte”. Elle commence par le “koolaid”, nom de cette boisson ultra sucrée qu’on nous sert et qui agit comme un lavage de cerveau quand on arrive ici : « Le Rwanda est une victime de l’occident, ils nous détestent sans raison, ils n’étaient pas là pour nous pendant le génocide, et si on ne gouverne pas comme nous le faisons maintenant ils nous tueront encore ». Je me considère comme un produit du FPR, j’en suis issu des deux côtés de ma famille. Il est impossible de le nier, cependant il arrive que les croyants aient une crise de foi. Ca a été encore pire pour moi : j’étais à peine un ado quand nous avons quitté le pays, j’ai vu la guerre de loin, plein de culpabilité alors que j’aurais pu servir lors de mes derniers mois sur place. Quand on regarde les récompenses des soldats qui ont libéré le pays, c’est trois fois rien ! Beaucoup ont gardé aujourd’hui un sentiment de rancœur alors que ceux qui se partagent les fruits de la victoire sont ceux qui se sont peu ou prou engagés. Il est impossible d’écrire l’histoire du FPR du fait des nombreux désaccords en son sein. Son histoire a été réécrite pour faire disparaître ceux qui n’en sont plus tels Kayumba, pendant que d’autres figurent en première place dans cette épopée alors qu’ils étaient encore à l’école à l’époque. Au Rwanda l’Histoire est toujours mise au service du régime et tout est mis en œuvre pour qu’elle corresponde à l’image qu’on veut donner du pays.
La raison a petit à petit disparu : elle a d’abord été critiquée, puis réduite au silence, pour enfin être bannie. On cesse ensuite d’y penser, jusqu’à ce que l’on cesse de penser. J’ai appris à faire attention à ce que je disais mais les générations les plus jeunes grandissent dans un monde ou on ne dit, on ne pense, on n’écrit rien de critique ni même de politique, jusqu’à ce que leur imagination meure. Comment pourront-ils innover ? Tu grandis dans une société où la pensée critique est condamnable à des peines de prison, où la parole est passible d’une sanction, où l’écriture est passible d’une sanction. Est-ce que mes enfants grandiront dans ce monde sans imagination, est-ce qu’ils grandiront en devant faire attention à ce qu’ils disent ? On nous ressasse ce discours du Rwanda comme hub cyber-futuro-technologique mais on n’autorise pas les opinions divergentes. L’année dernière j’ai été menacé par des officiels du gouvernement pour avoir tweeté à notre président qu’il était nécessaire de réduire nos importations et développer notre propre industrie productive. Je me suis excusé, cette histoire a été oubliée. Puis on nous a coupé notre aide extérieure [en réaction au rapport des Nations Unies accusant le Rwanda de déstabiliser l’Est du Congo, de nombreux pays donateurs ont suspendu ou reporté leur contribution à l’aide internationale fournie au pays], et on nous a parlé de “agaciro” [mot qui signifie « dignité » en kinyarwanda, et qui constitue le nom d’un Fonds de développement lancé par le gouvernement, CF article ici] et du besoin de réduire nos importations et de développer notre propre production. Les gens continuent de me dire “watutse affande” [pas trouvé de traduction...] alors que je n’ai rien fait de tel, ce qui me montre le côté face de la pièce. Tout supporter a un jour vécu ce moment où son innocence d’enfant disparaît, où il se demande « si ils peuvent se faire tant de mal entre eux, alors quid des simples citoyens ?».
Le revers de la médaille
Toute action est suivie d’une réaction et le Rwanda va bientôt subir le revers de la médaille pour son impertinence des 10 dernières années. Nous avons vécu de l’aide, ne nous sommes pas préoccupés du commerce, pensant que l’aide durerait à jamais, que nous pourrions profiter de la culpabilité de l’occident à jamais [pendant le génocide, la communauté internationale n’a pas levé le petit doigt, et ce sentiment de culpabilité est souvent mentionné pour justifier les millions d’euros dépensés annuellement en aide budgétaire pour aider le pays à se relever]. Maintenant l’aide est suspendue, on commence à faire attention, la crise se rapproche de nous. Les gens ont vécu à crédit, accumulé des dettes pour acheter des biens de consommation, créé des ONGs visant à aider de pauvres victimes par ci par là. Au lieu d’investir dans la production et de générer des revenus, le gouvernement, de par son discours, est largement responsable de la création de cette bulle d’aide et de dette. Pendant ce temps là, très peu d’investissements productifs viennent de l’étranger : les membres de la diaspora savent que le climat des affaires n’est pas sain, que leur propriété peut leur être enlevée n’importe quand et les normes changent sur un coup de tête. Tigo [compagnie de téléphonie mobile] a investi près de 300 millions de dollars et son PDG a eu 1h pour quitter le pays après avoir froissé le président. Comment une multinationale peut-elle investir 300 millions de dollars et voir son PDG expulsé en quelques minutes sans aucune procédure ? Le plus gros obstacle aux réformes, c’est l’attitude de ceux qui sont au pouvoir. L’idée que “ce pays est ma propriété personnelle et vous êtes vivants grâce à moi, je peux vous tuer, vous détruire quand je veux parce que j’ai le pouvoir” [discours de plus en plus prégnant qui qualifie l’attitude de Paul Kagame], les investisseurs la voient dès qu’ils arrivent à l’aéroport : un délicat château de cartes qui n’attend que de s’écrouler.
Rien n’est parfait, me diront mes amis, on sait tous que certaines choses fonctionnent mal, que ce mode de gouvernement n’est pas durable, mais peut-être sommes-nous juste faibles, peut-être que nous nous accommodons de cette situation et essayons même d’en profiter. On peut avoir un Rav-4, se payer des écoles coûteuses pour nos enfants, mener un train de vie luxueux. Mais l’heure tourne, on sait que l’alarme va sonner et nous réveiller, on ne sait juste pas quand. Donc on troque nos principes pour des privilèges, on profite de ce train de vie, tout en sachant qu’un jour ou l’autre cette mascarade cessera. Peut-être même qu’elle a déjà cessé mais qu’on n’a rien remarqué… On a tous vécu ce moment où on se regarde dans le miroir et on se demande “est-ce que je me bats vraiment pour ce en quoi je crois ?”. Avec les privilèges vient un inconvénient : ce regard, le regard des opprimés quand ils nous voient marcher à côté d’eux, comme si nous étions responsables de leur misère. Ils m’appellent “boss” alors que je suis socialiste de cœur, mais pour eux je suis l’oppresseur, le détesté. Ce qui n’est pas dit tout haut dans ce deal est que “si il part, on part tous”. Le Rwanda a fonctionné ainsi depuis des temps immémoriaux : le pouvoir n’est pas seulement concentré dans les mains d’un seul, mais plutôt entre quelques uns de ses doigts. De fait, quand le leader part, c’est toute une partie du Rwanda qui s’en va. Ceux qui osent critiquer sont mis à l’écart avec leurs familles, leurs passeports et pièces d’identité leur sont retirés. Les enfants paient pour leurs parents, les frères pour leur fratrie, les sœurs pour leurs frères.
Une prophétie
Dieu ne peut abandonner le Rwanda, nous avons trop prié pour ça. Mais le Rwanda n’est pas au mieux avec Dieu, car malgré notre indignation, nos mains restent sales. Nous devrons payer pour toutes ces erreurs, et j’espère que nous apprendrons à débattre de tout cela plutôt que de décider en cachette. Ma prophétie pour le Rwanda est celle de la croissance et du succès, mais construits sur de solides bases, des bases que constituent l’implication des rwandais au travail pour produire des biens d’exportation. J’ai travaillé dans une usine Rolls-Royce à Derby, j’y ai vu des Pakistanais quasi illettrés construire des moteurs d’avion. Si eux peuvent le faire, alors un villageois de Ruhengeri peut le faire aussi. Ma prophétie pour le Rwanda est que ses leaders comprendront le besoin d’ouverture et que la critique n’est pas la haine. Nous nous ouvrirons politiquement et connaîtrons le plus gros boom économique que l’Afrique ait jamais connu, mais un boom construit sur des bases solides, non sur des indicateurs. Ces industries gérées par le FPR deviendront le caillou dans sa chaussure, la plupart perdent déjà de l’argent et feront faillite dans l’année qui suivra. Elles ne sont pas assez compétitives pour survivre.
Il y a toute une économie parallèle au Rwanda, certains ont beaucoup d’argent de côté, sans compter les propriétés, les stocks et les prêts accordés. Ces businessmen ont été négligés et ils ne paient que des impôts nominaux, faire payer leurs compagnies demeure un problème. Ce déficit que nous avons accumulé est quelque part, à l’extérieur mais aussi à l’intérieur, tout cet argent dépensé dans des biens de consommation, ces milliards de dollars, dans des biens bon-marchés importés de Chine, ils sont toujours ici. La diaspora est prête à investir : elle attend juste un changement de comportement de ceux qui sont au pouvoir. Nous devons à tout prix construire un secteur privé solide. 30% de rien, ça fait combien ? C’est ce pour quoi nous nous battons aujourd’hui. Nous devons libéraliser l’économie, ou bien les actifs du FPR perdront toute leur valeur. Au sujet de la bulle du crédit ? Des maisons surévaluées de 18%, ça c’est criminel, et pourtant la bulle continue de grandir et grandir encore. Les maisons à 100.000 $ sont devenues la norme et les gens empruntent désormais 10 fois leur salaire pour pouvoir acheter. C’est surprenant, mais ça peut pourtant marcher si tous les propriétaires s’accrochent à leur maison.
Trop de gens ont prié pour que le Rwanda sombre de nouveau. Nous ne pouvons les laisser faire, ou bien nous méritons tous de mourir. Laissons les dire « abnyarwanda bananiwe kubana » [les relations entre Rwandais se dégradent]. Ca ne peut pas se produire, ou bien Dieu n’existe pas. Les Rwandais croient que Dieu est revenu se reposer chez eux, et c’est la seule raison qui explique que nous ayons réussi à surmonter le Génocide. Toutes les nations vivent des moments difficiles, mais le Rwanda pense qu’il peut rester à jamais assoupi dans une sorte de coma politique. Or ce n’est pas possible. Nous apprendrons que nous pouvons tous nous entendre, que chacun doit payer pour ses pêchés, et que Dieu répand l’amour partout où il passe. Les temps changent : une nation peut traverse des temps difficiles, grandir, puis prospérer. Le FPR fait beaucoup pour le Rwanda, que ce soit sur la mortalité infantile, le droit des femmes, la réconciliation, etc. Ses mérites doivent être reconnus, mais un élément est oublié : on nous empêche de mûrir politiquement. Peut-être le font-ils pour nous protéger, de la même façon qu’on enferme un enfant pour le préserver des dangers de la vie. Mais au moment où il fera face aux premières difficultés, il s’effondrera. Toutes les générations connaissent ce moment où la société se scinde selon les âges, où les plus jeunes acceptent les objectifs mais rejettent les méthodes. Le FPR peut-il se diriger vers un exercice du pouvoir plus souple, plutôt que de recourir sans cesse à la répression ? Mes amis me mettent en garde et me disent que je ne comprends pas ces personnes, qu’ils se fichent de ce qu’on pense.
Plus de peur, plus de silence, plus jamais, plus jamais, plus jamais. Je suis Rwandais, je l’ai toujours été et le serai toujours. Mon pays n’est pas la propriété d’un seul homme, et je ne l’abandonnerai jamais.
Longue vie au Rwanda.
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