Jour d'élections

7h15, mon réveil sonne. Je m'étire et me dépêtre non sans mal de la moustiquaire qui m'est tombé dessus.  La chambre est déjà inondée par les rayons du soleil que laisse passer le fin rideau. Dehors, rien d'autre que le gazouilli des oiseaux. On les entend clairement, comme s'ils étaient à l'intérieur de la chambre, imperturbables. La radio de la maison d'à côté, habituellement si agressive, est éteinte, et le brouhaha du voisinage a quant à lui laissé sa place à un bien étrange silence. J'avale mon petit déj, me douche et enfile mon costume : jusqu'ici tout va bien. Il est 8h, je suis à peine en retard, j'ai 2mn pour remonter le chemin de terre rouge et sèche qui mène à la route principale, où je ferai signe à la première mototaxi assez robuste pour se frayer un passage dans le traffic dense de Kigali, et m'amener au bureau en un seul morceau.

Mais aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres, et la ville affiche un calme singulier qui rompt avec le vacarme auxquel elle m'a habitué jusqu'à maintenant. Où sont passés les dizaines et dizaines de piétons qui hier marchaient - erraient ? - sur les trottoires dans toutes les directions possibles et imaginables ? Quid des mototaxis qui jouent des coudes via leurs klaxons, avides de clients à conduire ? Même le policier coiffé de son béret et fier comme un coq, le sifflet à la bouche, a déserté le carrefour où il fait normalement la loi. Mmmh... C'est donc ça un jour d'élections ici...

Aujourd'hui, vendredi 4 février, ont en effet lieu les élections permettant de désigner des "chefs" ou "représentants" de quartiers, appelez ça comme vous voudrez. Ce scrutin local est organisé sur l'ensemble du territoire. A quoi est-ce que ça correspondrait en France ? A pas grand chose à vai dire, du fait d'une division administrative bien différente. La ville de Kigali est ainsi divisée en secteurs, eux-mêmes compartimentés en districts (à moins que ce ne soit l'inverse, je m'y perds un peu...) et qui comportent des quartiers, faits d'environ 300 foyers chacun. Et ce sont les habitants de ces quartiers qui sont amenés à élire leurs chefs, qui une fois réunis désigneront à leur tour leurs supérieurs au niveau du district, etc. Et ici, on ne blague pas avec les élections : de très nombreux abservateurs - ONG, ambassades, ONU - ont été mobilisés pour s'assurer qu'aucune fraude ne puisse perturber la bonne tenue du scrutin. Et tout le monde est fortement incité à prendre part au vote : ce matin, Olivier, qui vient quotidiennement passer un coup de chiffon dans tous les bureaux, a laché son outil de travail suite à une remontrance de son chef qui lui reprochait de pas encore être allé voter.

Une chouette manifestation de l'ancrage démocratique au niveau local et de l'attachement que chacun lui porte.

EDIT : les chiffres de la participation à cs élections sont parus aujourd'hui : selon la commission électorale nationale, le taux de participation a atteint les 95% à l'échelle du pays. Les gens se pointaient à 7h du matin pour faire la queue, comme le montre la photo en dessous tirée d'un quotidien rwandais en ligne.




Commentaires

  1. Haha j'avais vécu ça en Namibie, le plus impressionnant c'est l'incroyable discipline qu'il y a dans ces files d'attente... Ca tranche avec le bordel ambiant dans les rues, non?

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  2. Ca va ouais ! C'est un peu Dr Jekyll et Mr Hyde ce pays des fois. Photos à l'appui dès que j'aurai reçu mon appareil, si il se perd pas en chemin à Dubaï ou Ouagadougou...

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